RIEN NE S'OPPOSE A LA NUIT.

"Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l'écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd'hui je sais aussi qu'elle illustre, comme tant d'autres familles, le pouvoir de destruction du verbe, et celui du silence."

Wow ! C'est le première mot qui me vient à l'esprit quand j'ai eu terminé ce livre. C'est avec plus de 10ans de retard que je découvre cette merveille, mais peu importe. Ce livre m'a réellement mis une claque, et cela faisait un bout de temps que cela n'était pas arrivé.

Delphine De Vigan raconte dans ce chef-d'œuvre sa mère. L'enfant qu'elle a été puis la mère qu'elle est devenue. Son histoire bouleversante a eu le mérite de, plusieurs fois, me mettre mal à l'aise devant autant de justesse. Chaque mot a sa place, d'ailleurs l'autrice nous fait part de son processus d'écriture à travers plusieurs interludes. Même si cela m'a surprise au début, j'ai apprécié le fait qu'elle expliquait à demi-mot sa démarche, ce qui l'a conduite à cette évidence qui était d'honorer la mémoire de sa mère.

Le livre s'est imposé de lui-même dans la vie de l'écrivaine, et elle a su nous transmettre son histoire de manière si simple, mais si singulière. L'enfance de Lucille, la mère de l'autrice, a permis de nous situer le contexte, savoir dans quel milieu avait grandi cette petite fille. Cette partie, bien que très longue, a été maîtrisée puisque nous nous attachons à ses 8 frères et sœurs, mais aussi à sa mère. Car oui, nous plongeons dans toute l'histoire familiale, c'est l'aspect que j'ai le moins apprécié dans le roman. Beaucoup de détails, relevant parfois de la fiction afin de tout expliquer, mais cela à tendance, au contraire, à ralentir l'histoire.

La partie qui m'a le plus bouleversé est, sans surprise, celle de la descente aux enfers de Lucille. Entraînant ses enfants dans son sillage, ce fut de difficiles passages à lire. Comment peut-on être insensible lorsqu'on nous raconte que Delphine découvre sa mère nue, peinturlurée en blanc, obligeant sa soeur à s'enfoncer des aiguilles d'acuponcture dans les yeux ?

A travers ces épisodes de délires, on se rend compte de la vie que l'autrice a vécu, mais que d'autres vivent aussi. Ce livre autobiographique est une belle leçon de vie sur les relations humaines mais aussi l'esprit qui reste encore un mystère.

Le livre conclut avec le suicide de Lucille, bien qu'étant énoncé depuis le début, il est raconté de manière très brutale. Cela m'a fait pensé au début de l'Etranger de Camus "Maman est morte aujourd'hui". Ce roman montre à la fois le processus d'écriture, celui du deuil mais aussi l'aspect familial conflictuel.